N’y aurait-il pas une pointe de mépris dans cette étymologie un peu facile ? Le terme est en fait plus ancien : en 1580, Montaigne l’utilise dans Les Essais (Livre II), non sans dérision, évoquant un « livre basty d’un espagnol baragouiné en terminaisons latines ». Et même avant lui Rabelais faisait affirmer à Pantagruel au chapitre 9 de l’œuvre éponyme « Mon amy, ie n’entens poinct ce barragouin ». Remontons enfin le cours de l’Histoire de la langue de quelques siècles pour trouver la forme attestée de « barragouyn » chez Du Cange en 1391 (« Beaux seigneurs, je ne suis point Barragouyn : mais aussi bon chrestian ») alors synonyme de « sauvage », « grossier » ou « barbare ».
Ainsi l’histoire étonnante du mot a une origine bien plus lointaine mais toute aussi orgueilleuse : si l’on convient que le mot provient du latin « barbarus » emprunté lui-même au grec « β α ́ ρ ϐ α ρ ο ς » (dont le bégaiement interne habille le mot de ridicule), il signifie donc à l’origine « étranger », c’est à dire « n’étant pas grec » et, par extension, « non-civilisé » !
Nous pouvons achever cette petite recherche étymologique sur une autre coïncidence aux allures de vengeance : en effet en breton, « baragouiner » se dit « GREGACHat, -iñ » et signifie littéralement « parler grec »…
Pour les plus curieux des « lèche-vitrine »… Quelques outils étymologiques accessibles en ligne grâce au portail gratuit Lexilogos :
Le Portail Lexilogos : www.lexilogos.fr
Le Littré : http://www.littre.org/
Le TLFI (Trésor de la langue française informatisé) : http://atilf.atilf.fr/
Le Favereau (Franco-breton) http://www.arkaevraz.net/