
Alors que les mots latins
litus et
ora n’ont pas eu de dérivés en français, que le mot costa, attesté au sens de « côte du corps », ne le soit pas au sens de « rivage » en latin (ce dernier sens serait dû à un emploi figuré qui s’est répandu à partir du XII
e siècle), le mot
rivage découle clairement de
rive qui vient du latin
ripa. Le suffixe généralisateur lui permet de désigner un ensemble de rives. Le
littoral, d’abord adjectif n’est entré dans l’usage qu’à la fin du XVIII
e siècle. C’est un emprunt au latin
littoralis qui vient de
litus « côte ». Il ne sera employé comme nom qu’au début du XIX
e siècle.
Les mots qui désignent les sinuosités du rivage sont empruntés à diverses langues, le latin étant relativement dépourvu de termes spécifiques.
Parmi ceux qui traduisent des avancées de la mer dans les terres, le mot
golfe vient de l’italien et s’emploie surtout pour les rivages de la méditerranée. Il se rencontre dès le XIII
e siècle et se différencie du mot
gouffre à partir du XVII
e siècle.
Baie vient de l’espagnol
bahia, d’origine ibère, et le mot
anse est un emploi figuré de
anse au sens de « poignée recourbée » qui vient du latin
ansa.
Les mots
crique et
calanque sont d’origine dialectale.
Crique vient de Normandie et sans doute de l’ancien scandinave
krikki ;
calanque, qui comporte un suffixe alpin, est sans doute un mot antérieur à l’arrivée des romains et emprunté au provençal
calanco à partir de
cala.
Parmi les mots qui désignent des avancées de terre dans la mer, notons le mot
cap, d’origine provençale qui ne s’est généralisé qu’au XVIII
e siècle dans son sens géographique. Il désigne d’abord en provençal « la tête » (comme le montre l’expression « de pied en cap »), équivalent du mot français
chef, qui vient du latin
caput. Le mot
pointe est un emploi figuré du même mot que l’on retrouve dans quelques expressions (« pointe du raz », p. ex.).
Promontoire est un emprunt spécialisé au latin
promontorium, qui avait le sens plus large de crête montagneuse.
Deux mots d’origine germanique font leur apparition au Moyen-âge :
falaise, apparenté à
fels qui signifie en allemand moderne « rocher »,
dune qui vient du néerlandais
dune mais que l’on peut rapprocher aussi du latin de la Gaule
dunum (« hauteur »), présent dans
Lugdunum p. ex. (Lyon).
On voit donc que les emprunts sont nombreux dans ce vocabulaire dont les sources sont méridionales ou nordiques, la France se trouvant au confluent de deux domaines prédominants dans l’histoire : la méditerranée et les espaces maritimes du nord.
(F. A.-D.)